« Il est clair que le secteur qui souffre le plus est celui de la construction neuve », constate Frédéric Rei, directeur de la division immobilier et construction chez Page Personnel, filiale du groupe Michael Page spécialisée dans l’intérim et le recrutement spécialisé. Par opposition, la réhabilitation de logements anciens résiste particulièrement bien à la crise. Les métiers du second œuvre recrutent donc toujours, en particulier du côté technique, avec une préférence des employeurs pour les professionnels de l’électricité et du CVC (Chauffage, ventilation et climatisation).
En bref, le tableau n’est donc peut-être pas aussi noir qu’il y paraît. A titre d’exemples, Bouygues et Vinci, deux géants de la construction, ont récemment annoncé leur intention de recruter respectivement 2 000 et entre 7 000 et 8 000 nouveaux collaborateurs en France cette année, dont une large majorité de techniciens et ouvriers, les cadres ne représentant que 20 % des prévisions d’embauche. Car s’il est vrai que les nouveaux contrats ne se multiplient pas, les travaux en cours doivent bien être poursuivis. Une étude de l’Insee a d’ailleurs prouvé que plus de la moitié des entreprises du bâtiment rencontraient toujours des difficultés à recruter en janvier, les demandes de compétences dépassent donc encore l’offre de main d’œuvre, du moins dans certains domaines.
Les domaines énergiques
Point important à souligner : les travaux publics, boostés par le plan de relance, sont en excellente santé, certainement plus que le bâtiment. Ils vont probablement devenir plus attractifs aux yeux des candidats et soutenir le marché de l’emploi pendant au moins quelques mois, les professionnels espérant que cela suffira à porter le secteur jusqu’à la reprise économique. Le VRD notamment (Voirie et réseaux divers) devrait recruter en masse cette année. Au total, le gouvernement mise sur 120 000 emplois créés ou maintenus, en partie grâce à l’obligation de rénovation thermique des bâtiments, cheval de bataille du Grenelle de l’environnement.
Sujet d’actualité, la Haute qualité environnementale (HQE) se retrouve elle aussi en plein développement. Et si les postes à pourvoir sont plutôt offerts aux ingénieurs et contrôleurs, les techniciens ne sont pas délaissés pour autant. En effet, les structures cherchant à réduire leur consommation d’énergie font appel à leurs services pour calculer leurs dépenses avant d’étudier des solutions plus économiques.
Expérience et mobilité
D’après Frédéric Rei, « les profils expérimentés sont les plus recherchés, car les entreprises ont besoin de personnel pour encadrer les jeunes qui ont été massivement recrutés en 2007 et 2008. » Cependant, il reste optimiste en ce qui concerne les jeunes diplômés : certaines pénuries sont si flagrantes, en particulier dans le second œuvre et les études, que les entreprises sont prêtes à faire l’impasse sur cette exigence, pour peu que les candidats leur exposent un projet professionnel cohérent et motivé. Et qu’ils soient prêts à accepter une relocalisation. Car « la province a clairement beaucoup souffert, en revanche le secteur reste porteur en Ile-de-France. »
Chiffres-clés
14 %
des professionnels du BTP exercent une activité de maçonnerie ou connexe.
1 306 320
salariés étaient recensés dans le BTP en 2007.
10 %
des salariés du BTP sont des femmes.
83 %
des femmes qui exercent une activité dans le BTP occupent une fonction administrative ou commerciale.
14,2 %
des salariés du BTP ont moins de 25 ans.
529 000
postes devraient être à pouvoir dans le BTP d’ici 2015.
