Le télétravail : une pratique qui progresse
« Même si la pratique est émergente, la France affiche un sérieux retard par rapport aux autres pays européens », annonce d’emblée Vincent Rostaing, fondateur du cabinet Le Cairn 4 IT, spécialisé dans l’optimisation du cycle de vie professionnel. Selon le dernier rapport de la Dares, l’Hexagone comptait, en 2007, 8,4 % de télétravailleurs là où la Suède et la Finlande en dénombraient respectivement 26,8 % et 32,4 %. Des pourcentages à prendre avec des pincettes puisqu’en France, « la pratique n’est pas toujours contractualisée, donc pas facilement mesurable », souligne Nicole Turbé-Suetens, fondatrice du cabinet de conseil Distance Expert.
Les secteurs des TIC et de la finance en tête
Même si la tendance évolue, le télétravail reste actuellement l’apanage des grands groupes. « Ils sont de plus en plus nombreux à intégrer la pratique dans leur organisation et leur management », constate Nicole Turbé-Suetens. Si le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC) a certainement été le précurseur, les secteurs de la finance, de la banque et de l’industrie semblent actuellement lui emboiter le pas. Les fonctions support et administratives sont celles qui regroupent le plus de travailleurs à distance. « Le télétravail concerne les fonctions dont les processus peuvent s’externaliser », résume Vincent Rostaing.
Les arguments à avancer
Si la pratique fait l’unanimité du côté des salariés, elle peine encore à séduire certains managers, soucieux de ne plus pouvoir exercer un contrôle permanent sur leurs équipes. Productivité accrue, conditions de travail améliorées et réduction de l’absentéisme sont pourtant autant d’arguments qu’un candidat peut avancer à son employeur. « Un télétravailleur est plus productif qu’un travailleur au bureau dans la mesure où il est soumis à moins de stress et de pression de sa hiérarchie », soutient la fondatrice du cabinet Distance Expert. « Le télétravail est une solution qui n’est pas onéreuse pour les entreprises et qui permet aux salariés de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle », surenchérit de son côté Vincent Rostaing.
Un cadre juridique encore flou
En France, le télétravail a été défini et reconnu par l’Accord national interprofessionnel (ANI) du 19 juillet 2005. Toutefois, « il n’existe pas encore de législation spécifique encadrant la pratique », insiste Nicole Turbé-Suetens. Dans les entreprises, le travail "hors les murs" est généralement régit par des accords d’entreprises. Il doit faire l’objet d’un avenant au contrat de travail précisant les modalités de compte-rendu, les aspects matériels, le caractère réversible…
« Comme toujours dans les secteurs pionniers, il faut innover et prendre des risques, conclut-elle. Le télétravail n’est pas complètement couvert par la loi et a d’ailleurs peu de chances de l’être puisqu’il s’agit d’un mode d’organisation qui doit permettre aux structures de s’adapter rapidement aux besoins du marché. »
Aurélie Tachot