Les articles proches
Le diagnostic est posé, un traitement s’impose. Alors que la demande de soins va croissant et que les risques de pénuries pointent à l’horizon, le secteur de la santé préfère prévenir plutôt que guérir, avec un projet de nouvelle répartition des tâches entre les professionnels de santé : le « transfert de compétences ». L’idée, apparue en 2003, a mis du temps à s’imposer. « Au début, la proposition n’a pas séduit. Chacun « son pré carré », comme on dit ! Mais aujourd’hui, il est clair pour tout le monde que cette redistribution des activités est nécessaire », témoigne Guy Isambart, infirmier et rédacteur en chef du site Internet infirmiers.com. Depuis 2004, une quinzaine d’expérimentations ont été menées en France. Des ophtalmologues ont transféré certaines compétences à des orthoptistes, des radiothérapeutes ont fait de même avec des manipulateurs d’électroradiologie, ou encore des médecins avec des diététiciens ou des infirmiers. Ces derniers ont pu, entre autres, effectuer des consultations, établir des diagnostics et prescrire des médicaments spécifiques. Ces expériences, qui déboucheront sur une recommandation de la Haute Autorité de la Santé (HAS), ont démontré que les professionnels paramédicaux peuvent réaliser des actes médicaux sans danger pour les patients, ni perte de qualité. « C’est une petite révolution, car il s'agit de faire bouger les frontières, et modifier les cadres juridiques. Au final, c’est une nouvelle manière de travailler qui va émerger », explique Catherine Rumeau-Pichon, adjointe au directeur de l’évaluation médicale, économique et de santé publique de la HAS.
Une question de reconnaissance
À ce jour, seuls les opticiens ont vu leurs compétences élargies : ils peuvent à présent, et dans un cadre législatif strict, effectuer une analyse médicale et déterminer la puissance des verres correcteurs. Sans doute la première pierre d’un édifice qui englobera bientôt toute la chaîne de soins. « C’est aussi une question de reconnaissance. On sait très bien que de nombreux professionnels font déjà plus que ce qu’ils devraient faire… Non seulement on régulariserait une situation existante, mais en plus cela ouvrirait de nouvelles perspectives professionnelles. À terme, de nouveaux métiers verront le jour » estime Guy Isambart.
Cependant, plusieurs interrogations demeurent : quelles limites précises seront fixées au transfert de compétences ? Les salaires vont-ils augmenter au vu des nouvelles responsabilités ? Comment la formation va-t-elle s’articuler ?
Certes, le projet table sur un gain de temps médical et sur une plus forte attractivité des professions de santé, mais Catherine Rumeau-Pichon l’assure, le projet ne résoudra pas tous les problèmes de la démographie médicale.
En chiffres
3 %
Le taux de croissance annuel des professions paramédicales est supérieur à 3 %.
95,7 %
Les femmes sont majoritaires dans les professions paramédicales : elles représentent 95,7 % des orthophonistes, 92,2 % des orthoptistes et plus de 80 % des infirmiers, ergothérapeutes et psychomotriciens.
x2
Le nombre d’opticiens a doublé entre 2000 et 2005. Ils étaient 15 141 en France au 1er janvier 2005.
Pour en savoir plus
www.sante.gouv.fr
www.has-sante.fr
www.infirmiers.com