Travailleurs handicapés : la loi de 2005 porte ses fruits

Les travailleurs handicapés ont encore beaucoup de mal à s’insérer dans le marché du travail. Mais législation et initiatives privées se conjuguent pour faire bouger les choses.

handicapé

Pour booster les embauches de travailleurs handicapés, il a fallu taper là où ça fait mal : le portefeuille. La loi du 11 février 2005 prévoit de sanctionner plus fortement les entreprises qui n’auront ni recruté de personnes handicapées, ni utilisé les autres manières de remplir leurs obligations, par une augmentation de leur contribution à l’Agefiph . Une loi plus que nécessaire, au vu des difficultés que rencontrent les personnes handicapées dans le monde du travail. Elles sont deux fois moins souvent en emploi que les personnes valides : 30 % contre 61 % dans l’ensemble des 15-24 ans. Celles qui travaillent sont moins souvent cadres ou professions intermédiaires (18 %) et plus souvent ouvriers (48 %) que la population générale (respectivement 32 % et 27 %) . En tête des freins à l’accès à l’emploi, les problèmes d’accessibilité. Une porte difficile à ouvrir ou une simple marche suffisent : dans un tiers des cas, les personnes handicapées souffrent d’une déficience motrice. Mais la question de l’accessibilité ne se pose pas qu’en termes d’infrastructures. Les autres types de déficiences (sensorielle, intellectuelle, psychique…), auxquels s’ajoutent d’autres situations composites, impliquent des efforts d’adaptation de la part des entreprises.


Un sujet beaucoup moins tabou


Pour les aider à y répondre, Patricia de Kermoysan et son frère, lui-même cadre handicapé, créent Défi RH à Rennes fin 2006. Ce cabinet de recrutement, spécialisé dans l’embauche de personnes handicapées diplômées, a placé à ce jour 29 candidats, la majorité en CDI. Sa CVthèque contient 3 500 candidatures, bac +2 à bac +5 principalement. « Une véritable sensibilité s’instaure. Certaines entreprises viennent vers nous alors qu’elles ne sont pas soumises aux quotas », se réjouit Patricia de Kermoysan, directrice du cabinet. Les entreprises font appel à la société pour des postes très précis, mais également pour des conseils, en matière d’aménagement de l’espace de travail ou de techniques d’intégration d’un collègue handicapé au sein d’une équipe. « Le sujet est beaucoup moins tabou qu’avant. Et les employeurs sont de plus en plus conscients qu’un travailleur handicapé est souvent deux fois plus motivé qu’un autre », insiste Patricia de Kermoysan.

Il semble que ce défi RH ne soit pas impossible à relever : la création d’une antenne parisienne est déjà prévue, d’ici deux mois.

  *L’Agefiph, Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées, est chargée du développement de l’emploi des personnes handicapées et de la gestion des contributions financières versées par les entreprises soumises à l'obligation d'emploi des personnes handicapées, soit 440 millions d’euros en 2006.

En chiffres

6 %

La loi du 10 juillet 1987 oblige toute entreprise de 20 salariés ou plus à employer des personnes handicapées, à hauteur de 6 % de ses effectifs.

13 %

13 % de la population déclarent un handicap qui limite leur capacité de travail.

680 000


La population handicapée en emploi est de 680 000 personnes, dont 375 000 dans le secteur privé.

Pour en savoir plus


www.defi-rh.fr
www.agefiph.fr
www.handipole.org