Comment le co-living peut-il aider les familles monoparentales à se loger ?

Une femme lisant un livre à son enfant

Le défenseur des droits alertait en 2017 sur la double discrimination subie par les foyers en situation de monoparentalité dans la recherche de logement. - Photography LightField Studios / Shutterstock©


Le co-living, une solution pour les familles monoparentales à la recherche de logement. Près de Paris, une résidence propose depuis décembre 2023 une colocation adaptée aux parents solos. Inspiré des États-Unis, ce concept immobilier vise à leur offrir un cadre de vie convivial et solidaire.


Comment le co-living répond aux besoins des parents solos : l'exemple de la résidence Commune

Au cœur de Poissy, dans la partie occidentale de la région parisienne, s'érige la résidence Commune, une initiative novatrice du co-living, conçue pour abriter 13 familles monoparentales et leurs enfants. Chaque appartement, d'une superficie de 30 m², offre des espaces fonctionnels, comprenant chambre, kitchenette et salle de bain, avec des loyers mensuels allant de 1.190 à 1.450 euros. Les locataires, principalement des mères isolées, bénéficient non seulement d'un lieu de vie dans un grand appartement à partager, mais également d'espaces communs tels qu'une salle à manger, un jardin, un espace de coworking, un mur d'escalade, une buanderie, et même un bar au sous-sol.


Ce concept de co-living, bien connu pour les jeunes actifs, étudiants, séniors et personnes handicapées, prend une nouvelle dimension en offrant une solution adaptée aux besoins des parents solo, selon les dires de Tara Heuzé-Sarmini, cofondatrice de cette initiative. Ce qui souligne ainsi l'évolution du co-living dans une perspective familiale. En outre, le loyer englobe divers services tels que le ménage, l'abonnement internet et de streaming, le soutien scolaire, ainsi que l'assistance juridique. Une démarche qui offre ainsi une approche holistique pour répondre aux besoins diversifiés de la communauté.

Crise immobilière : les familles monoparentales ont le plus de difficulté pour se loger

Au cœur de la crise du logement, de plus en plus de familles monoparentales se trouvent confrontées à une compétition inégale avec un modèle familial traditionnel ou des couples bénéficiant de deux revenus. La majorité des parents solos étant des mères, elles déplorent les difficultés de recherche de logement avec leurs enfants encore très jeunes. La situation est davantage compliquée pour une maman célibataire avec plusieurs enfants. La plupart d’entre elles mettent plusieurs mois à rechercher un toit décent. En effet, le fait d’être un parent seul réduit la chance de trouver un abri sûr, surtout lorsqu’elles se retrouvent face à des couples à deux revenus. Ce constat met en lumière les défis spécifiques auxquels sont confrontés les pères et mères seules dans le contexte immobilier actuel. Il souligne la pertinence croissante du concept de co-living (grand appartement à louer à plusieurs) comme une réponse adaptée à ces réalités complexes.

La recherche de logement, un défi majeur pour un parent isolé

Ce constat alarmant n'est pas nouveau, remontant à 2017, quand un rapport du défenseur des droits a souligné qu’un foyer monoparental était "deux fois plus" susceptible d'être discriminé dans la recherche de logement que les ménages biparentaux. Malheureusement, la crise immobilière a exacerbé la situation, marquée par une offre limitée et des exigences croissantes de la part des propriétaires. Le contexte défavorable s'aggrave davantage avec les représentations stigmatisantes associées à la mère célibataire, parfois perçue comme "irresponsable" ou "vulnérable". Une circonstance qui prolonge ainsi les délais d'attente pour l'accès à un logement social, comme l'a souligné la Fondation Abbé Pierre dans son rapport 2023 sur le mal-logement. Dans ce contexte difficile, le concept de co-living émerge comme une alternative prometteuse pour les parents isolés à la recherche d'une habitation équitable.

La colocation, une solution transitoire pour se réfugier

Dans une situation de difficulté, l’offre de colocation ou de co-living de Commune se positionne comme "une solution transitoire", selon sa conceptrice. Proposant des baux d'un an, renouvelables deux fois, la résidence vise à fournir "le meilleur coussin d'atterrissage possible" pour un papa solo et une maman solo. Certains parents décrivent même l'expérience en co-living comme un "sas de décompression", permettant une planification sereine pour l'avenir et d’élever leurs enfants convenablement, loin des inquiétudes du quotidien telles que "où est-ce que je dors ce soir ?". Ciblant des profils de la classe moyenne, la start-up, qui a levé 1,5 million d'euros en 2022, prévoit d'ouvrir d’autres maisons à louer destinées au co-living dans le nord de la France en mars. Ambitieuse, elle aspire à 500 ouvertures "en dix ans, en France, en Europe et en Amérique du Nord", positionnant ainsi le co-living comme une solution innovante et durable pour ces parents seuls.

L’immobilier face à des réalités sociales de la monoparentalité

La problématique de la recherche de logement chez les parents célibataires résonne au-delà des frontières, touchant des pays comme les États-Unis où le co-living, connu sous le nom de "mommune", s'est établi de manière informelle. Nicolas Baumer, cofondateur de l'association lyonnaise Kozoku, spécialisée dans la prise en compte de la monoparentalité, souligne que cette question prend de l'ampleur depuis quelques années. Il témoigne de l'inquiétude grandissante de certains maires qui voient partir des résidents et des fonctionnaires incapables de se loger sur la commune après une séparation. L'immobilier, en tant que secteur impacté par ces réalités sociales, évolue vers des solutions innovantes telles que le co-living. Une approche qui contribue ainsi à la discussion plus large sur l'adaptation des structures urbaines aux besoins changeants de la société.

Quelles politiques immobilières pour soutenir et intégrer les pères et mères célibataires ?

Au-delà du co-living, les solutions envisagées pour répondre aux défis d’un parent célibataire incluent la proposition d'un "statut de famille monoparentale". La suggestion d'avantages fiscaux pour les propriétaires louant leurs biens à un parent solo sur une période transitoire, facilitant ainsi leur accès à un logement social, est également une disposition envisageable.


Alors que les statistiques officielles révèlent qu'une famille sur quatre (24,7%) en France est monoparentale, ce pourcentage a augmenté de trois points au cours des dix dernières années. Ces initiatives reflètent la reconnaissance croissante du besoin d'adaptation des politiques immobilières pour mieux soutenir et intégrer les papas et mamans solos. Le co-living se présente ainsi comme une étape importante dans la lutte contre cette précarité en matière d’habitat chez ceux qui élèvent seuls leurs enfants.


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Avec ETX / DailyUp