Chimie : les filières d'avenir

Bhopal, AZF, Probo Koala,… les catastrophes chimiques ont terni l’image d’une industrie souvent jugée artificielle, dangereuse, pollueuse. Mais la chimie ne se résume pas à la production d’engrais ou de benzène. L’avenir serait du côté de la gestion de l'énergie, des biotechnologies et de l’écologie.

Quatrième employeur industriel en France, le secteur chimique rassemble 230 000 professionnels et embauche en CDI 10 000 à 15 000 personnes par an, dont 60 % de jeunes. Une situation bien plus favorable qu’il y a 10 ans… Le secteur de la chimie lourde a connu des temps difficiles, résistant difficilement à la concurrence internationale. La production massive de matières premières bon marché (éthylène, propène, benzène, méthanol…) est, en effet, propice à la délocalisation vers les pays en développement. En 10 ans, la filière a ainsi perdu 15 000 emplois, pour la plupart peu qualifiés. Résultat : non seulement les effectifs ont grimpé en qualification (la part des ingénieurs et cadres est passée de 11 % en 1985 à 24 % en 2005) mais les emplois se déplacent aussi des filières traditionnelles vers des secteurs de pointe.

De la chimie à toutes les sauces

Aéronautique, électronique, automobile, rien à voir avec la chimie me direz-vous. Et pourtant… Le géant des airs, l’A380, n’aurait pas pu décoller sans le concours des chimistes : matériaux sophistiqués, peintures ultra résistantes, optimisation du carburant et des pneus, la chimie est présente à toutes les étapes, de la conception à la production. Même constat du côté de la recherche médicale. Les biopuces, par exemple, sont des composants miniaturisés indispensables pour le diagnostic de maladies, la recherche de nouveaux médicaments ou encore le contrôle qualité dans l’agro-alimentaire. Or la chimie intervient directement dans leur élaboration. Plus proche de nous cette fois, le Liquid Crystal Display est l’œuvre de chimistes inventifs. Ce nom ne vous dit rien ? Il a pourtant sa place dans la plupart de nos foyers sous l’appellation LCD. Horloges, écrans d’ordinateurs, télévisions, les fameux cristaux liquides se déclinent aujourd’hui sous toutes les formes.

« L’industrie chimique est en pleine diversification, une part croissante de jeunes chimistes s’orientent vers de nouvelles filières créatrices d’emploi. » Directeur de laboratoire au CNRS, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris et à l’université Pierre et Marie Curie, Philippe Marcus en est convaincu : les opportunités seront au rendez-vous pour les professionnels de la chimie, mais pas uniquement là où on les attend.

La chimie verte en pleine croissance

La protection de l’environnement passe par des innovations de pointe : plastiques biodégradables, biocarburants, épuration des fumées, séquestration du CO2… Pour toutes ces technologies vertes, et bien d’autres, l’industrie chimique a consacré 437 millions d’euros en 2006, soit 14 % de ses investissements. Economies d'énergie, préparation de l'après-pétrole, limitation des déchets, produits de substitution aux substances polluantes ne pourront être développés sans la chimie. Pour l’instant, le secteur reste une niche en termes d’emploi mais l’épuisement annoncé des réserves de pétrole promet des recrutements en forte hausse. D’ici 15 ans, 10 à 15 % de la surface agricole française pourraient être dédiés aux besoins de la chimie du végétal !



Chiffres clés

12 %
L’industrie chimique française emploie 12 % des effectifs de la chimie européenne, la plaçant au deuxième rang européen après l’Allemagne.

80 %
des entreprises chimiques sont des PME.

1re
L’industrie chimique est en tête des secteurs industriels français en termes de dépenses intérieures en recherche & développement.

Pour en savoir plus
www.uic.fr
http://lesmetiersdelachimie.com
www.ffc-asso.fr