Les articles proches
Satisfaction des employés, diminution du stress, baisse du turn-over, économies d’énergie : les études ne manquent pas pour vanter les mérites du télétravail. Et pourtant, celui-ci n’a progressé que de 1,4 % en trois ans. Il concernait seulement 7 % de la population active (Dares) en 2004, dont 2 % en télétravail à domicile et 5 % en télétravail nomade. Le nomadisme concerne surtout les commerciaux, les agents techniques et, depuis peu, 20 % des ingénieurs et cadres grâce au succès des ordinateurs portables, téléphones mobiles et autre Blackberry.
Plus ouverts au télétravail, les services aux entreprises et les banques-assurances comptent respectivement 20 % et 12 % de salariés télétravailleurs. Quant aux indépendants, ils sont 4 à 5 % à travailler à distance ou de chez eux, principalement dans l’informatique, le conseil, la rédaction, l’infographie et la traduction.
Des chiffres étonnamment bas quand on sait que le télétravail est envisageable, à temps plein ou partiel, dans tous les métiers utilisant l’ordinateur et le téléphone comme principaux outils, soit près de 50 % des effectifs salariés du secteur privé !
Des employeurs frileux
« Peu à peu, la culture du présentéisme laisse place à celle de la performance. Mais nous n’en sommes qu’aux prémisses ! » Comme le rappelle Claire Beffa, directrice associée du cabinet de conseil Equilibres, les employeurs sont encore réticents à abandonner le mode de contrôle physique du travail. Certes, ils s’ouvrent aux outils nomades et permettent à certains cadres de travailler en partie à distance, souvent de manière informelle. Mais ils sont globalement hermétiques au télétravail officiel. Celui-ci reste une exception, accordée au cas par cas dans des situations précises : éloignement géographique, maladie, enfants en bas âge et seulement après plusieurs années de loyaux services attestant de la fiabilité du salarié. Rares sont les entreprises qui reconnaissent le télétravail comme une forme de travail officielle, à l’image de Schneider, IBM, France Télécom, EDF ou AXA.
Un exercice périlleux
Le télétravail a bien plus de succès du côté des salariés, lassés des temps de transports et du stress des horaires. « Le télétravail est une demande forte des salariés, témoigne Claire Beffa, mais ils ne sont pas toujours conscients des risques possibles de débordement sur leur vie privée. » Il faut impérativement avoir un local dédié, s’imposer des horaires fixes et faire des points réguliers avec ses collègues grâce aux outils de « netmeeting » (visio ou téléconférence, chat). De même pour les outils nomades, mieux vaut savoir poser ses propres limites, les employeurs réglementant très peu leur utilisation. Pour l’instant, c’est le flou artistique…
« Opter pour le télétravail, c’est aussi prendre la décision de ralentir sa carrière », prévient Claire Beffa qui recommande de limiter le télétravail à une ou deux journées par semaine pour ne pas passer à côté de cette foultitude d’informations informelles délivrée au quotidien dans les bureaux.
En chiffres
1 %
En France, le télétravail concerne 1 % des hommes et 0,9 % des femmes.
57 %
des cadres qui travaillent à domicile déterminent librement leurs horaires, mais ils sont aussi 20 % à signaler travailler habituellement la nuit.
440 000
salariés sont des télétravailleurs à domicile et 1 100 000 sont des travailleurs nomades.
Pour en savoir plus
Association Française du Télétravail et des Téléactivités : www.aftt.asso.fr
